Aller directement au contenu

Mois : juillet 2009

L’Atalante (Paris Cinéma)

De temps à autre, on a un peu de chance dans la vie et c’est plutôt cool. Ainsi, j’ai reçu un passe pour le festival Paris Cinéma sous le titre de “blogueur” (la responsable m’a expliqué que c’était parce que j’étais dans la liste des liens de Sskizo, donc merci Nora).

Bon, c’est pas que je veuille faire des posts sponsorisés, mais du coup, j’ai quand même un peu envie d’en parler. Notamment aujourd’hui car je me suis rendu à la projection de L’Atalante de Jean Vigo. Ce film, ça fait un peu quinze ans que je veux le voir, mais le problème, c’est que je ne voulais pas le voir à la télé mais au cinéma et j’avais été découragé par la version DVD en plus, comme je vais te l’expliquer si tu as le courage de me lire.

Car, à toute projection de L’Atalante, une question reste en suspens : quelle version va-t-on voir ? Parce que L’Atalante, c’est un peu notre Metropolis français, personne ne sait vraiment à quoi il ressemble. Le film est tourné en 1934, Jean Vigo a alors 29 ans, tombe malade et ne peut plus bouger de son lit. Le monteur, Louis Chavance, lui présente un montage final qu’il approuve presque totalement. L’œuvre arrive ensuite chez Gaumont (qui finance), mais la société de production réclame des coupes et des modifications pour en faire un film plus commercial (par exemple, on remplace la musique originale par une chanson à succès de l’époque : Le Chaland qui Passe). Le producteur du film, Jacques-Louis Nounez, est contraint d’accepter, Vigo ne peut plus rien dire, mais n’est pas content (et surtout meurt). L’Atalante remonté par Chavance sous les ordres de Gaumont est présenté dans un cinéma, Le Colisée sur les Champs-Élysées, sous le même titre que la chanson : Le Chaland qui passe.

Trois semaines plus tard, l’exploitation du film s’arrête. De nouvelles versions sont reprises, puis Henri Langlois, l’initiateur de la Cinémathèque française tente une restauration en 1950 à partir du second montage.

atalante.jpg

Bref, c’est le bouillon et le film semble totalement perdu. En 1989, Gaumont lance une grande opération pour restaurer L’Atalante (pour la bonne raison qu’elle va en perdre les droits) et commissionne Pierre Philippe (auteur, critique et spécialiste du film ancien) et le jeune Jean-Louis Bompoint (réalisateur et cinéaste) pour s’y coller. Luce Vigo, fille du réalisateur, est aussi de la partie. L’année suivante, Bompoint trouve un tirage du premier montage de 1934 au British Film Institute. Armés des huit bobines de la BFI, des montages précédents de Gaumont et des notes de travail ainsi que de nombreux interviews des “survivants” de l’équipe, les deux hommes achèvent la restauration et le film est montré à Cannes la même année.

Mais cette restauration (dont on notera que le générique “refait” parce qu’inexistant est signé Michel Gondry) ne plaît pas à tout le monde. Elle fait des grincheux. Cependant il est difficile de démêler le faux du vrai entre les deux parties. Bompoint juge qu’il s’agit d’une bande de frustrés de ne pas avoir participer à la restauration. À la lecture de ses articles, nombreux et documentés, on aurait tendance à le croire. De l’autre côté, les détracteurs reprochent un excès de zèle aux deux restaurateurs et principalement d’avoir rajouté des plans à la version “quasi-parfaite” de 1934 trouvée au BFI uniquement “pour en montrer le plus possible”. L’un des plans critiqués est celui (incompréhensible) de Jean qui lèche un bloc de glace (Bompoint explique qu’il ne voulait pas le mettre mais que Philippe a eu le dernier mot).

atalante2.jpg

En 2000, une nouvelle restauration est mise en branle sous la houlette de Bernard Eisenschitz (critique et historien du cinéma) auquel la Gaumont remet les ciseaux. Ce dernier, soutenu par une caste de l’intelligentsia du moment qui n’a de cesse d’analyser le moindre détail de chaque plan du film en cherchant à la moindre chiure de mouche à l’écran une explication littéraire et / ou antique, décide de revenir à la version de 1934 du BFI mais en laissant quelques plans et parti-pris de la version de 1990 (principalement pour justifier à nouveaux que la Gaumont conserve les droits pour la future édition DVD). Parmi cette caste, il y a Bernard-Henri Levy ce qui suffit à mon sens à jeter le discrédit sur tout le travail effectué.

Cette dernière version est ainsi celle du DVD et l’unique disponible au cinéphile. On peut d’ailleurs voir les modifications commentées par le restaurateur de 1990 ici.

Bon, et alors, c’était quelle version à Paris Festival ? C’était la version de 1990 ! Et j’étais super content parce que c’est celle que je voulais voir tant j’avais été convaincu à l’époque où je pensais acheter le DVD du bien-fondé de la démarche de Bompoint à la lecture de son site.

Les Grandes Erreurs du Marketing (8)

Non, je veux bien les mecs, mais c’est quoi le problème ? Vous faites un concours pour être cités dans cette rubrique ? Je ne suis pas à ce point influent, pourtant.

Moi, je croyais quand on faisait une pub pour un produit qu’il fallait insister sur le truc qui fait la vraie différence avec la concurrence.

Par exemple, si j’avais trouvé un moyen de cultiver des pastèques sans pépins, je pense que c’est la chose que j’aurais mise en avant. J’aurais fait une pub comme ça, en somme :

IMG_00762_800.jpg

Maintenant, si mes pastèques ont des pépins, je ne pense pas que l’accroche forte de ma pub serait “Pastèques sans pépins”. Je ne sais pas, j’aurais cogité et trouvé un autre truc : son goût, sa couleur, son origine, sa fabrication, le plastique qui l’emballe… Parce que le coup de l’astérisque qui renvoie au bas de l’affiche pour expliquer que la pastèque sans pépins, elle en a quand même, c’est limite du gros foutage de gueule.

IMG_00762_800.jpg