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Mois : janvier 2011

La Belle et la bête mis à plat

Foutage de gueule. Voilà. Je n’ai rien d’autre à dire. Non mais, sérieux, Walt, tu nous prends pour des caves ? Okokokokok, tu étais mort quand tes héritiers ont décidé de réaliser La Belle et la bête, mais QUAND MÊME, tu n’aurais pas pu vérifier depuis le purgatoire où tu traînes tes guêtres de l’onc’Picsou ? Nom de Dieu, merde, à la fin.

“Il était une fois dans un pays lointain”, nous dit le narrateur (l’intro complète est ici), “un jeune prince qui vivait dans un somptueux château”. Il est beau, il est jeune, mais il est “capricieux et égoïste et insensible”. Déjà, on ne nous parle pas de ses parents. Genre, il est “né” prince mais d’une famille royale, non ? Alors où ils sont le roi et la reine ? D’où ils ont fait un gosse comme ça ? Ce n’est pas parce qu’on est prince qu’on ne doit pas recevoir un semblant d’éducation, non ?

Une mendiante arrive et offre une rose pour passer la nuit dans le château et éviter le sort des SDF parisiens qui sont obligés de s’allonger sur des bouches de métro. Soit. Mais, bon, le prince, ce n’est pas non plus l’armée du salut. Si c’est comme ceux de l’émission de télé-réalité de TF1, il a peut-être déjà du mal à donner le gîte et le couvert à ses sujets. Bref, il refuse, fout la mendiante à la porte qui lui sort une banalité (“la vraie beauté vient du cœur”, comme disait Monsieur Manatane : “Ce sont les moches qui racontent ça”). Pas de bol, c’était une fée et elle lui jette un sort : elle le transforme en “une bête monstrueuse”.

Sympa, elle lui laisse aussi la rose qu’elle voulait lui offrir et qui doit se flétrir le jour de son vingt et unième anniversaire. Pour “briser le charme”, le prince devra “aimer une femme et s’en faire aimer en retour”. Homophobie ? On pourrait le croire, mais le “monstre” qu’il est devenu ferait fureur dans des boîtes bears, donc en fait, ça ne le ferait pas tant chier que ça d’être poilu.

S’il n’y arrive pas, il restera un monstre “pour l’éternité” (doit-on comprendre qu’il est immortel ?).

“Plus les années passaient et plus le prince perdait tout espoir d’échapper à cette malédiction car en réalité qui pourrait un jour aimer une bête ?”, conclut le narrateur, alors que le château a sombré dans les méandres de la mélancolie. Puis, titre et nous voici dans un petit village charmant où vit Belle.

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Je ne vais pas raconter tout le film. Mais sérieusement.

Non. Sérieusement.

Il est dirigé par qui ce village ? C’est comme dans Sacré Graal ? Une collectivité autonome ? Et ce château, là, personne n’a l’air de le connaître. Personne n’a l’air de savoir qu’il y a un prince et donc certainement un roi et une reine ? De qui on se fout ? Moi, je veux bien y croire si le château était à l’abandon depuis trente ans. Mais, même pas ! Si on tente de faire une chronologie des événements : en 1431, le prince naît. Sa mère meurt en couche et son père décède tragiquement pendant une bataille en Toscane. Soit. Il est (mal) élevé. Puis disons à quinze ans, pas bien avant quand même, il y a le tragique épisode de la mendiante-fée (quelle fourbe, celle-là). Nous sommes en 1446. A priori, le royaume de ce prince continue d’exister et même s’il est petit, son royaume, il va quand même un peu au-delà de son jardin, non ? Sinon que quelqu’un m’explique comment il survit, le prince et ses sujets ? Il faut bien des paysans, il y a des serfs, des vilains, il faut bien des nobles, comment vivent-ils ?

Alors, nous voici en 1446, nous avons un village perdu au milieu de rien, à côté un château que personne ne connaît ou presque et le prince n’est toujours pas devenu une bête. La fée passe, fait son cinéma (blablabla beauté de l’intérieur, blablabla) et voilà que d’un coup, le château devient un no man’s land et le prince un monstre.

On sait par le narrateur que de nombreuses années passent. En réalité pas bien plus de cinq ans. Le prince approche de la vingtaine, nous sommes probablement en 1451, mais en réalité, on s’en fout puisqu’il est “bête pour l’éternité” au moment où on parle et tous ses sujets sont devenus des objets domestiques. Dont une maman-théière et son fils-tasse au rebord ébréché. Question bis : il est né comment ce gamin ? Il était né avant de devenir une tasse ? Elle a couché avec qui la théière ? Donc il a grandi ? Au départ, c’était un dé à coudre et puis aujourd’hui c’est une tasse à thé ? À qui veut-on faire gober ça ?

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Mais la suite est encore plus improbable (si c’est possible). Voici que soudain, un soir de pleine lune, le père de Belle se perd et tombe sur ce château. Qui a l’air sacrément loin parce qu’il est parti de chez lui aux aurores. Après la surprise (“Bon sang, un château ? Ici ? Et ça fait soixante ans que j’habite là, je ne l’avais jamais vu dites !”), il se fait emprisonner. Belle va partir à sa recherche grâce au cheval super intelligent de son père qui a retrouvé un super raccourci pour rentrer car il lui faut moins d’une heure pour revenir dans la maison de Belle et encore moins de temps pour emmener Belle au château. Et quand elle arrive dans le cachot de son père, on jurerait que ça fait trois mois qu’il est là.

Un peu plus tard, quand les villageois se décident à mener une action populaire pour brûler le château (dont – sans qu’on comprenne bien pourquoi – tout le monde se rappelle subitement l’existence comme celle de la bête qui l’habite), ils y vont à pied en moins de dix minutes. Genre. Y a de nouvelles routes qui ont été pavées pendant la durée du film ?

Franchement, messieurs de chez Disney, je vous aime bien, mais c’est déjà assez compliqué de faire comprendre à nos gosses qu’une année c’est 365 jours divisés chacun en vingt-quatre heures composées chacune de 60 minutes et qu’il faut une heure pour faire Paris-Fontainebleau et non, y a pas plus court, c’est à cause des embouteillages sur l’A6 et maintenant ferme ta gueule et regarde ta Nintendo, sans que vous ne veniez nous compliquer la tâche.

À moins que votre dessin animé ne soit une approche de la relativité restreinte d’Einstein afin de faire comprendre les problèmes de dilatation du temps et les contractions des longueurs dans le cadre d’un village en gestion collective autonome, mais dans ce cas, vous auriez pu le dire clairement.

Rêve de Blédi (un premier roman)

Préface de Nicolas Demorien

Chaque génération à son auteur phare qui exprime le mal-être de l’époque. J. D. Salinger, Jay McInerney, Bret Easton Ellis et aujourd’hui Julia Cork. Née en 1998 et âgée aujourd’hui de douze ans, ce jeune auteur a su comme personne jusqu’ici décrire les changements psychologiques entre l’enfance et l’adolescence. Inspirée par Françoise Dolto, sa prose légère et incisive fait mouche et reste en tête comme un poème de Rimbaud dont elle a le talent.

joyce.jpgAprès trois ans à la maternelle Henry IV, Julia Cork a pris son envol en suivant les cours de la maîtresse Martine Joubert à l’école primaire du Bon Sauveur. C’est là qu’elle a découvert la passion de l’écriture transmisse par son arrière grand-père par alliance, le célèbre auteur des Gens de Dublin. Ce besoin de raconter des histoires, Julia Cork l’a exprimé magistralement dans un texte en prose de 2005 : “ce feu brûlant qui coule en moi”. Son premier roman, “Rêve de Blédi” est le cri déchirant d’une enfant à qui on interdit de manger des compotes parce que “ce n’est plus de son âge”. Un texte court et dense sans concession qui en dit plus long sur la génération des 6-12 ans que de nombreux romans contemporains. Une artiste est née, elle s’appelle Julia Cork.

Rêve de Blédi
par Julia Cork

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Chapitre Un

Il ne manque pas grand-chose finalement. La naissance, la vie, la mort. Trois étapes. Une seule peau. Rilke me parle : “Il y a une quantité de gens, mais il y a encore beaucoup plus de visages, car chacun en a plusieurs”. Je ne suis pas unique, je suis plus.

*

Midi. Cantine. Frites. Miam.

*

C’est la rentrée des classes. J’ai encore cette conne de Joubert. J’en reviens pas. Il y a huit instituteurs, deux maîtresses, et faut que je me tape la Joubert. Baptiste qui est à l’école avec moi à Monsieur Martin. Monsieur Martin, c’est un mec bien. Un jour, je l’épouserai.

*

Je ne sais pas si c’est le silence de la campagne, mais j’aime de moins en moins Meaux. Je ne sais pas pourquoi il a fallu partir de Paris. Papa a dit un jour : “Les enfants, on doit s’en aller, j’ai eu une grosse promotion”. Le lendemain, nous partions.

*

Avec Manon, on a demandé à la maîtresse si on pouvait faire la sieste parce qu’on voulait pas dessiner. Elle nous l’a interdit. On était dégoûtées.

*

Maman ne veut pas que je prenne une compote. Je suis trop vieille pour elle. Je n’ai pourtant que six ans ! J’ai encore le droit à ma compote, non ?

*

Journal secret. On a joué cet après-midi après la cantine. On s’est échangé nos Silly Bandz et je me suis trompée : j’en ai pris un à Manon et je ne le lui ai pas rendu. Alors Faustine l’a dit à Manon et maintenant Manon veut plus être ma meilleure amie. Alors qu’on est les meilleures amies du monde, je le sais. Et un jour, je l’épouserai. J’ai répété et répété que je l’avais pas fait exprès, mais Faustine, elle a continué de raconter des cracks comme quoi je l’aurais fait exprès. ALORS QUE C’EST PAS VRAI. La bitch.

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Les Grandes erreurs du marketing (14) : le retour de la traduction

Quoi de mieux que de se reposer sur les autres pour me filer des idées pour mon blog ? Bah voilà. Grâce à lafillelabas, je peux vous offrir un nouvel épisode de notre célèbre série des Grandes erreurs du marketing. Et à l’heure des soldes, amusons-nous encore avec les plus belles traductions de notre enfance grâce au géant de l’ameublement, non pas Ikea, l’autre (qui est aussi détenu par Ikea remarquez), Habitat.

Par exemple, comment traduiriez-vous “Love Your Home” ? Hein ? C’est une question. Habitat répond avec habileté : “Love Your Home” se traduit par… mais regardez plutôt :

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Voilà. On le traduit par “Love Your Home par Habitat”. Si ce n’est pas l’application claire et nette de la loi Toubon, je ne sais pas ce que c’est.

Mais Habitat nous offre un peu plus encore. On pense que les textes sont relus en France, mais pas du tout. En fait, ils sont moulinés dans le traducteur automatique de Google et ça nous donne un beau résultat :

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“Vous êtes entre de bonnes mains”, nous promet-on, “Le site web Habitat vous permet, en un seul clic, d’acheter de beaux et innovants produits”. Je suis fan des innovants produits pour ma part. L’encart Chèque Cadeau est lui aussi magnifique :

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Un chèque ? Une chèque ? Mon cœur balance et celui du rédacteur avec.

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On appréciera tout particulièrement l’absence d’accent sur le “Montage a domicile”, et les répétitions sympathiques (“montage” / “monter”, “aide” / “aide”…), avant d’admirer les “Retours” qui sont gratuits “selon les conditions générales présentent sur le site web pour”. C’est un peu comme si on avait voulu écrire une phrase puis qu’on avait passé les mots dans un mixer géant.

Sur ce, vous laisse je, vos parents amitiés mes à.

Surchargé

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