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Mois : avril 2017

Comment j’ai été spolié du commentaire le plus élogieux jamais écrit sur Airbnb

Cette histoire est inspirée de faits réels. Toutefois, certains événements ont été modifiés à des fins de dramatisation.

En novembre dernier, avec un ami, j’ai fait un superbe voyage en Écosse : j’en ai déjà parlé quand on cherchait un logement sur Booking. Au cours de notre périple, nous nous sommes arrêtés à Glasgow. Nous avons loué là-bas un appartement avec Airbnb (puisque tout était complet chez Booking) dans un quartier très sympa, pas très loin de la cathédrale.

Le soir de notre arrivée, après avoir récupéré les clés et discuté avec notre hôte, Rachel, nous partons dîner. Au milieu du repas, je reçois un texto de Rachel : “Il y a le feu dans l’immeuble au 5e étage, ça va ?”. Je réponds qu’on va bien et je demande ce qu’il se passe. Elle vient d’apprendre qu’il y a eu un incendie dans une boîte à fusible. On continue d’échanger pendant la soirée, je lui explique qu’on est au pub, mais que je peux aller voir ce qu’il se passe si elle veut. Elle me répond : “Non, j’ai contacté un voisin. Je suis désolée de ce qui vous arrive, mais contente que vous alliez bien, tenez-moi au courant”.

On rentre sans problèmes, les pompiers étaient partis.

Le lendemain, tandis que je prends ma douche, mon pote descend acheter de quoi se sustenter pour le petit déjeuner. Et là, une sirène retentit. “C’est quoi, cette connerie ?”, me demandé-je, la figure pleine de savon. Je finis par me dire que ça va s’arrêter tout seul : “Ça doit être un test après le feu d’hier. Pour sûr, Arthur”.

Je sors de la douche, je me sèche, je m’habille – jusqu’ici, c’est passionnant -, mais ça continue. Et je commence à être vaguement agacé par ce “TUUUUUUT” permanent qui me vrille les oreilles. Je passe une tête dans le couloir, je ne vois personne. “Bon, alors, ils vont le stopper, ce test ?”

Inutile de vous dire que je ne me presse absolument pas, mais je me demande où a bien pu partir mon ami si longtemps pour acheter deux croissants et une boîte de thé. “Ça fait plus d’une demi-heure, quand même, le supermarché est juste en bas…”

Je regarde alors mon téléphone, il m’a envoyé un SMS : “Il y a encore le feu !”

Non, mais il me prend pour une buse ? Je réponds direct : “Je ne suis pas sourd, mec : j’entends l’alerte.”

Mon portable émet un nouveau bip : “Bah sors !”

Soudain, je réalise ! Ah ah ah ! Mais bien sûr ! Il n’a pas compris comme moi qu’il s’agissait simplement d’un exercice d’alerte pour voir si tout marchait bien après l’incendie d’hier ! Je m’apprête à le prévenir qu’il peut remonter sans crainte sur la seule foi de mon intelligence supérieure, mais en réalité, j’enfile un pull et je sors de l’appartement pour le retrouver au rez-de-chaussée. Et juste avant de partir, une petite voix me souffle à l’oreille : “Si ça se trouve, tu ne pourras peut-être pas remonter.” Je retourne à l’intérieur et je prends en plus une veste et mon portefeuille.

Car c’est seulement quand je vois les trois camions de pompiers, des tas de résidents dehors, des badauds qui regardent la police bloquer la route et mon ami m’attendre de l’autre côté des barrières de sécurité que je me dis que la grosse buse, en fait, bah c’est moi.

À aucun moment, je n’ai paniqué, je n’ai même pas réfléchi que j’avais le moindre risque de me retrouver coincé par les flammes.

“Ah mais, excuse-me, but I didn’t know : I need to go back to take some stuff”, dis-je au soldat du feu à côté de l’entrée, surpris de voir qu’il y avait encore des habitants dans l’immeuble, parce que je n’ai même pas pris le guide de la ville. “Sorry, sir, you can’t go back to your flat.” En fait, toute la résidence est condamnée et nous sommes contraints de rester dehors, moi, mon copain et les courses du petit déjeuner, jusqu’à ce que l’incendie soit maîtrisé. Il est 10h20 et à ce moment-là, nous ne sommes même pas certains de pouvoir rentrer le soir (finalement, on pourra).

Je préviens Rachel qui n’en revient pas “Deux feux en 24 heures ? Je n’en ai jamais vu un et ça fait trois ans que j’habite ici !” Et tout au long de cette journée, j’ai passé mon temps à lui envoyer des SMS, en restant très cool, toujours zen et compréhensif, pour la tenir au courant de ce que nous disaient les pompiers et des actions en cours (nous sommes même allés à la mairie où les autres habitants de l’immeuble étaient bien remontés contre le bailleur).

Bref, j’ai été parfait (si on excepte que j’ai manqué brûler vif).

Quand on part, Airbnb nous demande de lâcher un com’ sur le profil de Rachel. On ne fait évidemment aucune mention des deux incendies :

Et c’est là que tout bascule. C’est mon pote qui rédige le commentaire, car c’est lui qui a réservé le logement depuis son compte. Mais comme la batterie de son téléphone était en rade, j’ai assuré la logistique avec mon portable en me faisant passer pour lui. Je m’aperçois que Rachel est depuis le début en plein mindfuck : elle est persuadée qu’elle lui parle ! SAUF QU’EN VRAI, C’EST MOI !

Subjuguée par mon sang-froid, mon flegme et ma gentillesse (ainsi que mes nombreux SMS pour la tenir au courant), elle publie alors sur le profil de mon compagnon de voyage le commentaire le plus élogieux que je n’ai jamais lu sur Airbnb. Le commentaire qui t’assure qu’aucun hôte ne pourra plus jamais te refuser un logement sans se faire bannir par Airbnb. Ce commentaire qui m’était destiné et dont mon ami m’a honteusement spolié (même s’il m’a sauvé des flammes).

Quant à Rachel, elle ne saura jamais que l’homme “superb”, c’était moi.

Télé-réalité en Mongolie

La Jeune fille et son aigle

Sur le papier, ce documentaire sur une jeune Mongole de 13 ans qui décide de suivre les traces de son père pour devenir chasseresse d’aigle avait pas mal d’arguments pour me plaire : un pays lointain, des costumes traditionnels, des paysages désertiques et des animaux. Mais c’était sans compter l’excellente idée du réalisateur Otto Bell de filmer ça comme un épisode des Kardashian. Ou pour être plus exact comme une télé-réalité de NRJ12.

Ainsi, Aisholphan, la jeune fille, doit traverser 3 étapes initiatiques. 1. Capturer un aigle ; 2. Remporter une compétition de chasseurs d’aigle ; 3. Capturer un renard grâce à son aigle. Et à chaque fois qu’elle relève l’un de ces défis, on a trois / quatre minutes d’action, puis un long plan de son père recouvert de peaux de bêtes d’apparat, installé en haut d’une montagne, qui nous répète ce qu’on vient de voir.

Exemple : pendant la compétition, le père lance l’aigle depuis une colline et l’aigle doit se poser sur le bras de sa fille en contrebas qui tient un morceau de bidoche pour l’attirer. Séquence 1 – on voit le père sur la colline avec l’aigle. Séquence 2 – le père, face caméra, devant le soleil couchant, raconte : « Quand j’ai lancé l’aigle vers Aisholphan, j’ai eu peur qu’elle n’arrive pas à l’attraper. » Séquence 3 – l’aigle s’envole et sa fille l’attrape. Séquence 4 – le père : « Mais elle a réussi. C’était un sentiment incroyable ». Retour sur la compétition, le père court vers sa fille : « Je suis très fier de toi. » Retour en haut de la montagne : « J’étais très fier d’elle. » Retour sur la compétition, la fille : « J’étais très fier de moi et de mon père. » et ainsi de suite.

À cela s’ajoute des inserts d’une maison avec « les anciens » qui commentent également : « Chasseur d’aigle, ce n’est pas un métier pour les filles. » Un contrepoint qui pue la séquence scriptée.

Enfin, un élément assez important : un aigle vole haut et même un téléobjectif ne peut pas faire de miracle. Toutes les images de l’aigle semblent plates et sans profondeur. Ce n’est guère impressionnant. Alors, Otto tente de foutre de la grosse musique pour créer une ambiance et du suspens. Autant vous le dire, ça ne marche absolument pas.