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Mon avis d’expert : la crise économique

En tant que spécialiste de la crise économique, j’avoue que je me suis beaucoup amusé de voir circuler la vidéo de la BBC dans laquelle Alessio Rastani explique s’endormir en rêvant d’une récession. Finalement, il a reconnu être un communicant, une #attentionwhore comme on dit dans notre jargon de spécialiste de crise économique, et pas du tout un trader de la City.

Mais ce qui a réellement surpris tous les analystes avec qui je parle chaque matin entre la tartine de miel d’acacia et mes Weston à 8 000 euros, c’est qu’il a dit tout haut ce que le peuple pense tout bas. Or, le peuple n’y connait rien à l’économie. C’est le problème du peuple. Il parle sans savoir. Alors que nous autres, les spécialistes de la crise économique, nous avons autrement plus de compétences pour exprimer avec à propos des solutions à des problèmes qui – en réalité – ne nous concernent pas.

La crise économique que traverse les zones EMEA, NORAM et SWAP peut se résorber avec la mise en place de trois actions :

Point numéro 1. La Grèce. Pays de l’antiquité qui nous pète encore les couilles aujourd’hui avec son alphabet à la con, la Grèce a perdu depuis longtemps de sa superbe. Les années où Ulysse traversait la mer Ionienne pour rejoindre Ithaque sont loin, très loin. Précurseur, Sophocole, pourtant, avait prédit l’avenir dans sa tragédie το πάγκρεας της Ευρώπης (Le pancréas de l’Europe). Il y évoquait dans le chœur des vieillards de la Cité (versets §453-459) la haine du couple moteur franco-allemand (pour simplifier la lecture, j’ai repris ici la version d’Anouilh) :

Vous nous dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu’ils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n’est pas trop exigeant. Nous, nous voulons tout, tout de suite, — et que ce soit entier. Nous refusons de nous contenter d’un petit morceau si nous avons été bien sage.

La dernière strophe fait évidemment référence aux critiques du parlement européen sur le manque de rigueur de l’économie grecque bien avant l’heure. Il faut donc – et c’est très simple à faire – réformer la Grèce. Tous les grecs devront dorénavant travailler dans la production de houmous et feuilles de vigne. En contrepartie, le reste du monde n’aura que ça à manger. On résout ainsi en deux temps, trois mouvements le problème de la famine et celui de la Grèce. CQFD.

Point numéro 2. L’indice de notation “AAA”. Non, sérieusement. On n’est pas des machines à laver, ni des réfrigérateurs. Cet indice est à abroger immédiatement. Cela relancera mécaniquement notre économie. Pour comprendre comment la chose fonctionne, il faut revenir à la définition keynésienne de l’économie : le marché s’autorégule lui-même. Derrière ce qui semble être un pléonasme, il faut distinguer deux choses : d’une part, “le marché s’autorégule”, c’est-à-dire que sa régularité est assurée par le mouvement astronomique des astres ; d’autre part “lui-même”, c’est-à-dire qu’il est son propre astre autour duquel il s’autorégule. Il suffit après de dériver la transformée de Fourier et on constate assez rapidement que la limite d’une croissance tendant vers 0 comme la notre aujourd’hui se retrouve sur une courbe exponentielle et tend immédiatement vers l’infini. En conséquence, en revenant simplement à cette définition de l’économie, on retrouvera rapidement le chemin du plein-emploi.

Point numéro 3. Mondialiser les entreprises. Ça pourra sembler violent aux artisans et aux PME, mais l’unique voie de sortie, c’est la fin de l’euro au profit d’une monnaie mondial : le yuan. Et pour y parvenir, il convient de mondialiser toutes les entreprises du monde. Il faut créer l’OMLF : l’organisation mondiale du laissez-faire. Fini les gagne-petits, les jean-foutre dont le chiffre d’affaire ne dépasse pas les 15 000 keuros par jour. Pour les besoins du bas-peuple, on remet en place un plan quinquennal : année 1, on fabrique des chaussures pour le pied gauche, année 2, on fabrique des chaussures pour le pied droit, année 3, des pantalons, année 4, des culottes et année 5 des rouleaux de pq. L’industrie du luxe reste bien évidemment en place pour produire les vêtements dont moi et mes amis avons besoin.

Sortir de la crise, c’est facile : il suffit d’en avoir la volonté.

PS : à l’attention des rédacteurs de C dans l’air, je suis disponible pour exprimer mon point de vue sur le plateau de votre émission. N’hésitez pas à prendre contact avec moi. Mes tarifs sont de 50 euros le mot. On ne trouve pas moins cher sur le marché.

Publié dans#oldLes Belles Histoires

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