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2016 = Beaucoup de ciné (part two)

Et voici la suite de mes fabuleuses chroniques ciné. On en a fait huit hier, il y en a huit aujourd’hui. Je sais que personne ne les lit, hein, ne pensez pas que je sois dupe, mais ça me fait plaiz’.

Au programme :
Le Livre de la jungle
Truth : Le Prix de la vérité
Un Traître idéal
Jason Bourne
Les Malheurs de Sophie
Quand on 17 ans
Bienvenue à Marly-Gomont
L’Avenir

Le Livre de la jungle / The Jungle Book

Pour d’obscures raisons familiales, j’ai vu le remake du Livre de la jungle de Walt Disney (c’était ça ou Les Visiteurs 3, avais-je vraiment le choix ?) Enfin Le Livre de la jôngle comme j’ai appris qu’il fallait dire si j’étais né sous la 8e édition du dictionnaire de l’Académie française.

Cette fois-ci, Mowgli est trouvé au fond d’une grotte, et non dans une barque. Le reste ne change pas (sauf un truc, mais j’y reviendrai).

En 1997, Walt Disney avait déjà accouché d’une version cinématographique du dessin animé, avec de véritables animaux. Dans la version 2016, tout est en images de synthèse sauf l’insupportable gamin qui joue le rôle-titre.

Et ce sont les effets spéciaux qui méritent le détour ici avec des pelages plus vrais que nature. Seul le roi Louis (Eddie Mitchell en VF) n’est absolument pas crédible en raison d’une taille démesurée pour un orang-outan. Mais vu qu’il n’y a pas d’orang-outan en Inde (où se passe l’action, pour mémoire) et que ce personnage n’existe pas dans le livre non plus, on va dire qu’on s’en fiche.

En revanche — PARDON, EXCUSEZ-MOI —, il manque quand même un élément ESSENTIEL : le récit initiatique. L’histoire de Mowgli n’a de sens que s’il part vivre à la fin dans le village des hommes, car il a compris qu’il n’avait pas sa place dans la jungle.

Et bien, là, pif paf, Houdini devait être au scénario, cette séquence indispensable du dessin animé (et du livre de Kipling) disparaît ni plus ni moins. Le film s’achève au cours d’un grand banquet avec tous les animaux, comme la dernière vignette d’un album d’Astérix. En haut d’un arbre, Mowgli semble bien décidé à buller dans la jovialité totale au sein de la meute de loups (tout au moins jusqu’à un hypothétique Livre de la jungle 2). Quel bel exemple !

À noter, on n’hésite pas à reprendre de vieilles recettes : le combat entre Mowgli et Shere Khan présente des similitudes avec Le Roi lion tout comme la séquence où les buffles déboulent dans un ravin (mais qui est en réalité dans le livre original).

Sinon Disney a eu le culot d’éditer un roman tiré de ce film, lui-même tiré du dessin animé, lui-même tiré du livre de Kipling. Ça ferait un chouette sujet pour le prochain Christopher Nolan.

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Truth : Le Prix de la vérité / Truth

Certes, de l’extérieur, je sais que ma vie ressemble à une succession de moments sublimes de grâce. Et ce n’est pas faux. Mais ce n’est pas vrai non plus. Par exemple, pour la rubrique « Culture » du journal qui m’emploie, mes collègues m’obligent régulièrement à aller voir des films médiocres qui ne les intéressent pas.

C’est le cas de Truth (sous-titré en français : Le prix de la vérité). Tiré d’une histoire vraie, le scénario est déjà soporifique au possible… Tentez de rester éveillés. Mary Mapes (Cate Blanchett), une productrice de l’émission américaine d’informations 60 Minutes doit prouver qu’elle n’a pas bidonné un reportage selon lequel George Bush a bénéficié d’un passe-droit pour ne pas combattre au Viêt Nam pendant son service militaire en 1972 (comme dirait De Ligonnès : « Mégasurprise ! »). Sûre de sa source, Mary se serait-elle fait duper ? Mystère et boule de gomme.

Eh bien, quelle balourdise ! Passons sur la séquence ridicule de « recrutement de l’équipe » de choc de journalistes-enquêteurs qui lorgne vers le gros film d’action ou d’espionnage : « Il me faut un ancien militaire qui s’y connaît en documents administratifs, il me faut une experte en tableur Excel, il me faut un spécialiste en droit des sociétés ». Oublions aussi les deux heures vécues in extenso à éplucher des documents militaires de 1972 pour savoir s’ils ont été rédigés avec une police de caractères proportionnelle ou à chasse fixe (c’est tout l’enjeu du film). En réalité, le plus gros défaut de Truth (qui n’en manque pas), c’est d’être tiré du livre que la véritable Mary Mapes a rédigé de cette histoire authentique après son licenciement (pardon, c’était un spoiler). Autant dire que l’impartialité n’est pas dans l’objectif de la caméra. Un film pontifiant et plombant, si j’ose écrire.

Meilleure scène : Cate Blanchett découvre avec stupeur les commentaires haineux d’internautes anonymes sur des forums républicains où on la traite de « biatch » avec une musique angoissante et un montage ridicule, remake de la mise à mort de Janet Leigh dans Psychose. A little de trop, si vous voulez mon avis.

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Un traître idéal / Our Kind of Traitor

Le traître en question est le comptable millionnaire d’une organisation mafieuse russe. L’homme cherche à vendre des renseignements au gouvernement britannique en échange de l’asile politique pour lui et sa famille. Il débusque un couple de pigeon, un prof et une juriste en vacances, et va les convaincre de l’aider dans son entreprise.

L’expression « cousu de fil blanc » a probablement été inventée pour qu’on puisse un jour l’utiliser à propos de ce film. Mention spéciale au pistolet qu’on voit dans les trois premières minutes du long-métrage et qui illustre parfaitement la loi du fusil de Tchekov : « Si tu montres une arme à feu au premier acte, quelqu’un doit s’en servir au dernier ». Tiré d’un bouquin de John Le Carré, un film très Brexit.

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Jason Bourne

Attention, cet article va vous spoiler un film.

Dans ce nouvel opus des aventures de Jason Bourne, le soldat programmé pour tuer, notre héros passe son temps à se souvenir (au moins six fois) d’un moment fondateur de sa vie.

Quand il était petit (enfin plus jeune) (en réalité, c’est Matt Damon à 45 berges, mais filmé par une caméra dont l’objectif a trempé toute la nuit dans du saindoux), son père lui a avoué sur la terrasse d’un café, entre un chocolat chaud et Mickey Poche, qu’il avait fait une « grosse bêtise ». Cette grosse bêtise, c’était d’avoir créé le projet « Treadstone », un programme d’entraînement d’élite qui forme des tueurs sans états d’âme pour le gouvernement américain et dont Bourne est lui-même l’une des premières recrues. Après cette révélation fracassante, le père de Bourne est tué par un mystérieux assassin. Qui est le tueur ? C’est tout le mystère et l’enjeu des deux heures du film (avec une autre histoire d’espionnage, mais qui rejoint celle de la mort du père de Bourne).

Et c’est parti pour cent vingt minutes de spectacle pyrotechnique avec des explosions, des voitures qui brûlent, des hélicos en flamme et des courses poursuites à s’en décrocher la mâchoire (j’ai cru un temps qu’on était dans Fast & Furious).

Le grand méchant du film, c’est Vincent Cassel dont je n’ai jamais compris le talent (mis à part celui de grimacer plus que Jim Carrey et Jango Edwards réunis). Il joue comme une savate et chacune de ses apparitions plombe un peu plus le film qui n’avait pas besoin de ça. Heureusement, les films comme Jason Bourne ont un avantage : le méchant meurt toujours à la fin (oups, spoiler alert). Autant vous dire que lorsque Cassel a crevé, j’étais ravi.

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Les Malheurs de Sophie

Le cinéma de Christophe Honoré et moi, ça ne matche pas comme on dit sur Tinder. Mais Tinder a un avantage : quand tu as rejeté quelqu’un, il disparaît du paysage. Hélas, Honoré, lui, continue de réaliser des longs-métrages et je les vois toujours (enfin, seulement les affiches, car j’ai arrêté après Les Chansons d’amour).

Était-ce le beau temps ou l’envie d’en découdre ? Je ne sais pas, mais je suis allé découvrir son dernier film, Les Malheurs de Sophie. “Comme il n’a fait qu’adapter la Comtesse de Ségur, je prends peu de risques”, me suis-je dit.

Bah non. Le film est fainéant et souffre d’une absence totale d’inventivité stylistique, Honoré étant tout occupé à plagier encore une fois les codes de “La Nouvelle vague”, cette tarte à la crème du cinéma français que la critique partiale invoque dès qu’un auteur qu’elle aime réalise un film médiocre.

Conséquence : l’image est dans un format 4/3, bien mochouille, sans aucune raison. Tout est tourné caméra à l’épaule avec des gros plans serrés sur les fossettes et les narines trop meugnonnes de la petiote Caroline Grant (Sophie). On se croit même par moment dans un film des frères Dardenne, dénonçant les célèbres difficultés sociales que la haute bourgeoisie du XIXe siècle a connues. L’ensemble est monté à la truelle sans aucune considération pour Les Leçons de mise en scène d’Eisenstein. Et bien sûr, le quatrième mur est brisé sans aucune justification par deux personnages du film. Très probablement un énième hommage poussif à La Nouvelle vague.

Quant à la musique d’Alex Beaupain, unique élément anachronique, elle me laisse bien perplexe. Particulièrement les deux chansons qui arrivent comme un cheveu sur la soupe. D’ailleurs, on touche le fond avec le rap entonné par Sophie qui ressemble à une parodie de Dur dur d’être bébé de Jordy.

Mais tout n’est pas à jeter (même si j’aimerais bien, car ma méchanceté n’a d’égal que ma cruauté). Les animations qui remplacent les animaux (l’écureuil et la famille de hérissons) sont séduisantes, tout comme la transition entre le départ et le retour en Amérique de la famille de Réan.

C’est peu. Mais ça, c’était bien.

(Bisou à l’amicale des amateurs de confiserie qui s’était réunie au grand complet.)

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Quand on a 17 ans

En relisant la filmographie de Téchiné, j’ai constaté que j’avais vu peu de ses films : J’embrasse pas, Les Roseaux sauvages et La Fille du RER. Et le dernier ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, d’ailleurs. Mais ça n’allait certainement pas m’empêcher d’aller voir Quand on a 17 ans et, mazette !, voici un film bien réalisé. Avec des plans qui sont cadrés. Avec des champs et des contrechamps. Avec des compositions travaillées. Ça change de L’Avenir.

Tom et Damien, deux garçons de 17 ans se tapent sur la gueule pour une raison que seules les hormones comprennent. Le premier, fils adopté, habite en haut des montagnes, dans une ferme (ta gueule) et quand sa mère tombe malade, Marianne, la maman du second l’invite chez elle. Que va-t-il se passer ? Mystère et boule de gomme ! (enfin, pas trop).

Un beau film touchant, gracieux, interprété parfaitement (sauf l’acteur qui joue le mari de Sandrine Kiberlain), avec une mise en scène maîtrisée. J’ai même pleuré un bref instant (ceci dit, je pleure quand j’ai oublié d’acheter des sacs poubelle). De plus, il y a de la neige et des montagnes, ce qui octroie d’emblée au film +25 points dans mon système complexe de notation.

Observations sur le tas :
– Ils ont dix-sept ans, mais boivent déjà du vin à tous les repas, l’année de la terminale. Bravo l’éducation parentale.
– Réchauffement climatique : un jour, quatre mètres de neige, le lendemain, plus rien.
– Chaque fois que la main de Damien est à l’écran, une mouche se pose dessus. Hommage aux peintres du XVe et XVIe siècle ? Attribut du personnage qui m’aurait échappé ? Ou tout simplement problème d’approvisionnement de gel douche lors du tournage ? En tout cas, c’est très perturbant.

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Bienvenue à Marly-Gomont

L’histoire romancée du rappeur qui a fait les riches heures d’Internet il y a dix ans. Ou comment un médecin originaire de Kinshasa parvient à s’installer, avec sa femme et ses enfants, dans un village picard d’une France de 1975 qui fleure bon le racisme ordinaire. C’est plutôt touchant et ça se termine bien (SPOILER ALERT), mais voir cette famille se faire rejeter par des gens particulièrement rances pendant les trois quarts du film vous désole un peu du genre humain.

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L’Avenir

Nathalie (Isabelle Huppert), prof de philo, mariée, deux enfants, heureuse, épanouie, voit sa vie basculer lorsque son mari Heinz (rien à voir avec la marque de condiment) (André Marcon) lui annonce son départ avec une autre. Pas de surprise, nous sommes bien dans un long-métrage produit par Les Films du Losange.

Je n’avais jamais vu de film de Mia Hansen-Løve (la compagne d’Olivier Assayas, ai-je appris) et a priori, le postulat ne me séduisait pas plus que ça. Contre toute attente — révélation — j’ai bien aimé. Les dialogues sont savoureux, l’histoire envoûtante, Isabelle Huppert est parfaite, André Marcon également.

Il n’y a bien que la mise en scène à laquelle je n’ai rien compris : on jurerait que le cadreur est incapable de ne pas taper sur la poignée du trépied de la caméra avec son coude tant il n’arrête pas de corriger son cadre (“Mais ils sont où les acteurs ?” bouge sa caméra “Ahhh, là, à gauche !”).

Que le film ait remporté l’Ours d’argent du meilleur réalisateur m’échappe totalement. Et le garçon barbu qui interprète un ancien étudiant d’Isabelle Huppert joue mal à s’en taper la tête contre un radiateur.

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Publié dansRegarder des images

Un avis avisé

  1. monsieur prudhomme monsieur prudhomme

    L’Avenir, j’ai bien aimé aussi. Par contre Eden de la même réalisatrice est un sérieux concurrent de La la land.

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