[tldr : Qui sont vraiment les orques ? Quels sont leurs réseaux ?]
Il y a un film à petit budget qui va sortir dans quelques jours (le 10 décembre exactement). C’est le troisième volet d’une grande fresque sociale et humaniste qui prône l’amitié entre les peuples et offre de beaux sous-entendus homosexuels, je veux bien sûr parler de Le Hobbit 3 : La bataille des Cinq Armées. Pas trop de spoilers à suivre (surtout si vous avez déjà lu le livre).
Résumé des épisodes précédents :
Un hobbit, Bilbo, est engagé par un magicien, Gandalf, pour aider un nain, Thorin à redevenir le roi d’une montagne, Erebor, qui abrite un trésor inestimable surveillée par un dragon, Smaug.
Eh bien, croyez-moi si vous voulez, mais avec ces deux lignes, Peter Jackson, le réalisateur, a réussi à faire trois films de trois heures chacun. Le talent, coco. Le talent (mais aussi beaucoup de ralentis). La conséquence, c’est qu’il ne se passe pas grand-chose dans chaque film. Dans l’épisode 1, ils traversaient une forêt, dans l’épisode 2, ils échappaient à des orques et voici donc l’épisode 3 où ils vont se battre.
Nous avions donc laissé Bilbo, Thorin et ses acolytes en haut de la fameuse montagne juste après avoir chauffé les oreilles de Smaug qui était parti se calmer en allant faire du shopping en ville, à Bourg-du-Lac.
Ça me rappelle (ça n’a rien à voir, mais je vous raconte ça pour le plaisir) quand mon beau-père était en colère après moi : il s’enfermait dans sa voiture et écoutait du Véronique Sanson. Bon, ben, Smaug, c’est la même chose, sauf qu’en plus il crache du feu.
Au bout d’une demi-heure pendant laquelle Smaug crame la moitié de la ville (« On m’avait dit que c’était les 7 jours en or du Printemps et y a pas de promo sur Hugo Boss ? Je suis fort courroucé, je vais tout brûler »), Bard, un type plus malin que les autres, l’achève en lui tirant une herse dans le bide. « Parfait », se dit le spectateur, « mais bon, il reste deux heures de film. Que va-t-il bien pouvoir se passer ? ». Des milliers de trucs.
D’abord, comme dans le livre, Thorin et ses amis vont récupérer le trésor. Parmi toutes les richesses qu’il contient, l’une d’elles intéresse particulièrement Thorin, l’Arkenstone. Mais genre, il est pas-sion-né. S’il avait été au collège avec moi, mes potes se seraient tous bien foutus de sa gueule avec sa passion pour les cailloux, soit dit en passant, parce qu’on est cruel quand on a quatorze ans. Comme y avait pas Thorin, c’est de moi dont on se moquait. Je pleure encore des larmes chaudes et bouillonnantes quand j’y repense.
Bilbo la trouve avant Thorin et la garde. Là-dessus, les habitants du Bourg-du-Lac viennent voir les nains pour réclamer l’aumône afin de réparer leur ville (qui s’est faite détruire par un dragon, restez concentré s’il vous plaît). Bard explique : « Avec la crise du logement à Bourg-du-Lac, les promoteurs nous assassinent : les devis de Bouygues Immobilier et Vinci sont exorbitants, soyez chics, filez-nous un peu de votre or ».
Mais Thorin refuse. S’ensuit un grand nombre d’embrouilles dans laquelle l’Arkenstone jouera un rôle important quand, finalement, les orques menées par leur chef Azog débarquent façon “On n’attend pas Patrick ?”.
(petite entorse à la mythologie de Tolkien, au passage, puisque normalement, dans le livre, c’est Bolg, le chef, fils d’Azog, justement, je dis ça, je dis rien). Donc, les orques débarquent et attaquent les nains, les humains et les elfes (qui étaient là aussi, mais juste pour faire jolis avec leurs oreilles pointues).
Sans surprise, le combat va être long et douloureux (comme ma b…). Car comme le dit Gandalf (ou un autre je ne sais plus) : « Ces orques sont des soldats redoutables, car ils ont été élevés pour combattre ». Eh bien figurez-vous que ces REDOUTABLES GUERRIERS tombent comme des mouches en pleine épidémie d’Ebola : un coup d’épée, ils décèdent ; une flèche, ils passent l’arme à gauche ; une tape de marteau, ils clamsent ; et – plus surprenant encore – ils trépassent également s’ils reçoivent sur la tête une toute petite pierre jetée par Bilbo. Contre toute attente, ce hobbit a une force impressionnante. Mais regardons plutôt cette table de comparaison et rions ensemble :
Bref la bataille dure Longtemps, d’accord, mais comment cela peut-elle s’étendre sur une heure et demie ? Grâce à deux effets totalement stupéfiants.
Le premier, c’est le ralenti. Peter Jackson en colle partout. Un type meurt, paf, ralenti sur l’arme qui frappe, ralenti sur l’homme qui tombe, ralenti sur le méchant qui se félicite, ralenti sur les yeux de la victime, ralenti sur la paupière qui se ferme. Forcément, ça rallonge le film d’une bonne demi-heure.
Le second, ce sont les retrouvailles. Imaginez la scène. Un gigantesque champ de bataille (en fait, exactement le même que celui du Retour du Roi, avec un peu moins de monde peut-être).
Un gigantesque champ de bataille, donc, avec des elfes, des humains, des nains et un gros paquet d’orques (il faut dire que les orques sont très nombreux, j’ai pas les chiffres, mais on parle de 10 000 selon la police, 100 000 selon la cellule de communication des orques). Oui, ça ne fait que quatre armées, mais il y a une armée surprise (la même que dans le Retour du Roi, d’ailleurs, mais son arrivée est encore plus inattendue). Soudain, un nain retrouve son cousin sur la zone de combat. Le cousin vient de décimer une centaine d’orques REDOUTABLES en se mouchant. Il y en a encore des centaines d’autres autour d’eux. Mais on s’en fout. Les deux nains taillent une bavette :
– Oh ! Cousin Machin ! Ça fait plaisir de te voir, et alors tu deviens quoi ?
– Bah ça va bien ! J’ai repris la forge du pater. Je tape sur du métal et ça me va bien. Je m’en sors pas mal, ça paie bien. Et toi, la famille ?
– Ça pousse, ça pousse. Ma dernière commence à faire ses dents, on ne dort pas trop, c’est pour ça que je suis arrivé à la bourre pour me battre, mais ça va passer.
– Faudrait qu’on s’organise une bouffe un de ces jours.
– Mais carrément ! On en parle après que j’ai tué ces milliers d’orcs en me grattant le doigt de pied ?
– Nickel. La bise à Durdinval.
– Merci, et on n’attend pas la prochaine bataille pour se voir, hein !
Je n’invente rien.
Le combat s’achève enfin après tout un pataquès à peine compréhensible (les orques ont fait une terrible ruse imbittable pour le spectateur, les nains se séparent en deux groupes, mais en fait restent au même endroit, j’ai rien compris).
Une amitié particulière
Et là, c’est le drame : Gubeva zrheg. (Non, je n’ai pas subitement parlé en orque, mais comme c’est un spoiler si vous n’avez pas lu le livre, je l’ai mis en ROT13, n’allez pas plus loin si vous n’êtes pas familier avec l’histoire du Hobbit).
Ralenti sur sa blessure, sa chute au sol, Bilbo qui court vers lui, Bilbo qui lui prend la main, Bilbo qui pleure, Thorin qui ferme les yeux, Bilbo qui regarde le ciel en hurlant : « Naaaaaaaaaan, pas lui ! ».
Retour au campement. Bilbo parle à un elfe, je crois.
– Vous êtes triste Bilbo ?
– Oui. Je suis tellement triste d’avoir perdu mon Thorin.
– Mais qu’est-ce qu’il était pour vous ?
– C’était… C’était mon… *sanglots étouffés* *silence*
Mais vas-y, Bilbo, crache-le morceau : vous étiez amants. Et pendant la longue traversée du Gondor, ça n’a pas sucé que de l’herbe à pipe, si tu vois ce que je veux dire.
Revenant chez lui, le cœur gros comme un camion, Bilbo reprend la même discussion avec Gandalf.
– Ça va aller Bilbo, pas trop triste ?
– Si, un peu quand même. Thorin, c’était… C’était mon…
– C’était votre quoi ?
– C’était… C’était mon…
– Votre quoi ?
– Mon… MON AMI. MON AMI. JUSTE mon ami. Pas mon amant. Arrêtez de me faire cette réputation dans tout le Comté, enfoiré de Gandalf. Je sais que le mec qui vous interprète est gay, mais vous ne me pervertirez pas avec vos pouvoirs d’homosexuels.
– Calmos, Bilbo. Calmos. Je demandais simplement. Si on a plus le droit de parler, je retourne dans ma carriole avec mon bâton magique et mes pétards. Venez me rejoindre, ça va être… explosif.
Je crois que j’ai tout compris. Plus besoin d’aller voir le film !
N’aurait-il pas fallu écrire “ces REDOUTABLES GUERRIERS sont décimés” ? Ou alors j’ai pas tout compris en fait…
J’ai vraiment des lecteurs exigeants, ça fait plaisir. Je vais mettre “tombent” parce que c’est plus raccord avec “mouches”.
Ce film ne vaut que par ses cochons blindés de combat. Ton résumé me rappelle le doux temps de tes opéras (de Wagner)