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Catégorie : Médias

Ce que j’ai vu à la télé, écouté à la radio, lu dans la presse. Et globalement mon avis percutant sur tous ces sujets.

Jimmy Fallon et son hommage bidon à Letterman

Et voilà, David Letterman a définitivement fermé la porte du Ed Sullivan Theatre après le dernier épisode de son Late Show, hilarant et sans larmes. Montrer ses sentiments, c’est pas le genre de Dave. La seule fois où on a entendu des sanglots dans sa voix, c’était après les attaques du 11 septembre, lorsque l’émission a repris.

C’était l’occasion pour ses trois gros concurrents de rendre hommage à son talent, mais également de rappeler tout ce qu’ils lui doivent. Sans le Late Night with David Letterman, l’émission de NBC de 00h30 à 1h30 qui a débuté en 1982, pas de Jimmy Kimmel ou de Conan O’Brien ou de Jimmy Fallon.

La palme de la sincérité, me disait l’auteur du blog Un truc à la gomme, revient à Jimmy Kimmel qui a montré à quel point sa vie a été sous le signe de Letterman. Il a même annulé son show le soir de la dernière de Letterman pour obligé ses téléspectateurs à aller sur CBS. Conan O’Brien l’a joué plus rigolo, en stoppant son show à 23h30 pour demander aux gens qui le regardaient de basculer sur CBS pour le grand final de Letterman. Et puis, il y a eu l’hommage de Jimmy Fallon, le beauf, l’abruti, le Patrick Sébastien des Amériques. Je le déteste. Je le déteste parce qu’il fédère une génération d’internautes français qui se sont mis à regarder les talk-show du soir avec lui, tout simplement parce qu’il revisitait l’histoire du rap avec Justin Timberlake. Ce mec n’est pas drôle. Il interviewe les invités comme une quiche, il fait des jeux dignes d’Arhtur dans Les Enfants de la télé.

Dans son hommage de cinq minutes (il est évident qu’il n’a pas proposé à ses téléspectateurs de changer de chaîne lui), qui ressemblait plutôt à une oraison funèbre, ce total abruti qui ne sait faire que rire de ses grandes dents trop blanches et trop alignées, il a ainsi réussi à pomper une analogie faite par Conan O’Brien.

Il explique ainsi qu’il y avait Carson, puis Letterman qui a découvert le Far West et qu’il l’a exploré dans tous les recoins.

Conan O’brien, invité pour l’émission Inside The Actors Studio, disait lui : « Carson a exploré l’Europe, Letterman a découvert l’Amérique du Nord ».

Même pour rendre hommage à celui auquel lui et les autres doivent tout, il arrive à ne pas avoir une once de sincérité, tellement ce mec est bidon. Mais continuez de l’adorer, tandis que je garde mes deux barils de Kimmel et d’O’Brien.

Qui a multiplié les djihadistes en France ?

L’autre jour, je crois que c’était un mardi, mais c’est pas pour faire référence à l’excellent blog Bon Pour Ton Poil(*), Nicolas Sarkozy a parlé aux Français dans le poste. Je sais que vous savez : tout le monde l’a écouté, en dehors des fans de Plus Belle la vie. Mais une phrase a étonné mon colocataire qui s’abreuvait des paroles (tout comme moi) de l’ex chef de l’État (et l’État, c’est moi) en dégustant un Pinot noir dont vous me direz des nouvelles :

Sur les deux dernières années, nous sommes passés de quelques djihadistes à des centaines de djihadistes. La menace est permanente…

Qu’est-ce qui a pu se passer en deux ans pour qu’on passe d’une menace ridicule à une menace massive (dans la suite de l’interview, il a parlé de « milliers » de djihadistes aujourd’hui) ? Je vous donne quelques minutes de réflexion.

C’est bon ?

Eh oui, la bonne réponse était :

Voilà comment Nicolas Sarkozy fait passer le message subliminal que la menace djihadiste est la faute directe du mandat de François Hollande. Mais qu’a donc pu faire François Hollande pour multiplier par dix (puis encore par dix) le nombre de djihadistes en France ? On ne sait pas. Nicolas Sarkozy n’a pas semblé bon nous éclairer sur ce sujet.

On a continué donc d’écouter l’interview et un autre truc m’a interpellé un peu plus tard. Pour Sarkozy, le problème de « recruter de nouveaux policiers », c’est que ça va demander « de deux à cinq ans à cause de leur formation ».

Je suis pas un spécialiste (j’adore écrire ça) (j’ai l’impression d’être un mec qui croit pas au changement climatique) (tous les climatosceptiques commencent leurs phrases par « Je suis pas un spécialiste, mais pourquoi, si le climat se réchauffe, il continue de faire froid l’hiver ? Hein ? »).

Donc, je suis pas un spécialiste, mais un djihadiste, à mon avis, ça ne se forme pas en 3 semaines non plus.

Alors, si je compte « 2 à 5 ans de formation » pour un djihadiste, j’en conclus très logiquement que leur endoctrinement a forcément débuté avant leur arrivée aujourd’hui sur le terrain. Et donc, ces centaines de djihadistes ne se sont pas multipliés au cours de ces deux dernières années, mais auparavant : il y a trois ans ou plus. Et donc, la faute en incombe à…

Nico sur France 2

CQFD.

(*) Je mens, c’était un mercredi, j’ai dit « mardi » exclusivement pour faire référence à Bon Pour Ton Poil.

La tragédie d’Ellen

Lundi 3 novembre, Ellen est seule dans son manoir sur la côte californienne. Elle regarde sa plage privée, elle n’en peut plus de cette vue qu’elle connaît par cœur. Elle a tout : le talent, la gloire, la reconnaissance. Elle a son show, sa boutique. Bien sûr, elle rêve d’un Late Show, mais c’est le royaume des hommes blancs et hétéros. Autant dire que ce ne sera pas pour tout de suite. Mais Ellen, elle s’en fout, elle a découvert Justin Bieber. Qui peut se targuer d’avoir repéré une star dans une vidéo YouTube de collégien ? Il n’y a qu’elle pour oser le grand écart entre Internet et la télévision. Et elle a commencé bien avant que Jimmy Fallon ne s’extasie sur Twitter. Mais aujourd’hui, elle est lasse. Presque blasée. Son canapé en cuir blanc l’appelle, elle lui fait du pied et s’étale dessus comme si elle stage-divait dans un concert du Hell Fest. La tête ébouriffée, elle prend son iPad, boit une gorgée de son verre de whiskey. « Alors, c’est quoi les tendances aujourd’hui ? », trois clics plus tard, elle découvre le hashtag « #AlexFromTarget ». Un gamin qui bosse chez Target et qui range des courses dans des sacs s’est fait photographier en catimini par des lycéennes et sa photo a été partagée des centaines de milliers de fois en moins de 24 heures. Abasourdi, le gosse de seize ans a fini par tweeter : « Je suis célèbre, maintenant ? ».

Le sang d’Ellen ne fait qu’un tour. Elle sait qu’aucun de ses concurrents n’a rien vu. Et de toute façon, aucun de ses concurrents ne fera rien. Le web, c’est sa chasse gardée, comme les jeux vidéo pour Conan, le rap pour Fallon, le strabisme pour Kimmel, le troisième âge pour Letterman. Elle saisit son téléphone et tapote : « Hey, #AlexFromTarget, it’s #EllenFromEllen ». 63 000 retweets, 140 000 favoris. Elle a décoché une pépite et elle le sait.

La minute suivante, Ellen appelle Diane, l’une de ses quatorze assistantes :

– J’en ai trouvé un autre ! J’en ai trouvé un autre !, s’étrangle-t-elle dans son combiné.
– De quoi vous parlez, madame ?, lui répond Diane, interloquée
– Mon précieux ! Mon précieux ! Je le veux. JE LE VEUX, s’égosille-t-elle. Je VEUX ALEX ALEX FROM TARGEEEEEEEET. ALEX FROM TARRRRRRRRGET.

Diane finit par comprendre et tente de tempérer l’enthousiasme d’Ellen.
– Mais, Ellen, ce jeune garçon, très bien, mais il n’a rien fait : on l’a juste pris en photo.
– Je vois… Je vois des produits dérivés, je vois… Je vois une star en devenir… Je vois un iPad à lui offrir. Une place de remplisseur de sac dans ma boutique. Et peut-être même… le nouveau Bieber.
– …
– Justin… Alex… Bieber.
– Madame. Vous croyez vraiment que le monde a besoin d’un nouveau Justin Bieber ?
– OUUUUUUUUUUUUUUIIIIIIIIII. Et c’est MOÂ. MOÂÂÂÂÂÂAAAAAAA qui l’aura découvert.

Le téléphone raccroche.

Alex et Ellen

Six août. Alex rencontre Ellen. Au bout de deux minutes d’interview, Ellen ne tient plus en place, elle a fini par se faire saigner l’index à force de le gratter avec l’ongle de son pouce. « On va pas parler de sa misérable petite vie de merde », pense-t-elle. Elle attaque :
– Vous savez chanter ? Vous devriez profiter de cette exposition ! Quel est votre talent ?
– Euh… Je range bien les courses dans les sacs, semble-t-il.
– [faux fou-rire d’Ellen, sa main lui fait mal à force de la gratter] Non, mais sérieusement. Vous avez un talent ? La CHANSON ? La danse ? OU LA CHANSON ? Ou jouer d’un instrument ? OU LA CHANSON ? continue-t-elle de plus en plus agressive.
– Je peux danser. Mais c’est plutôt catastrophique.
– Alors, ne dansez pas. Mais vous devriez vous trouver un talent, et vite fait pour tirer un avantage de cette exposition.

En sortant du plateau, Ellen ne parle à personne. Elle monte dans sa voiture, son chauffeur la conduit chez elle. Elle a son iPod dans les oreilles. Le chauffeur l’entend murmurer : « Baby, baby, babyyyyyy. oooooh ». Arrivée en sa demeure, elle se sert un whiskey dans un large verre à fond plat. La nuit est tombée sur Los Angeles. Elle voit son reflet à travers la fenêtre. Ses yeux sont fatigués. Elle explose. Elle jette son verre contre la vitre qui éclate en millions de morceaux. Et à trois blocs, sa voix résonne encore. « Mais pour qui m’a pris cette PETITE MERDE ! Croit-il vraiment que j’ai dû temps à perdre avec un employé de SUPERMARCHÉ ? J’ai reçu toutes les stars. TOUTES LES STARS. LES PLUS GRANDES ». Ellen sanglote. Doucement, elle s’allonge sur son canapé en cuir blanc, ferme ses yeux et les frotte avec l’index et le pouce de sa main gauche. « Ce petit con », glisse-t-elle tout doucement, « Je l’invite et il n’est même pas foutu de dire qu’il veut devenir chanteur ? ».

« J’ai quand même découvert Justin Bieber, merde ».

Murielle Cousin : la grosse menteuse

Rappelez-vous, en avril 2010, Murielle Cousin était interviewée par Grazia sur son rôle d’éminence grise auprès de son compagnon Stéphane Guillon. À cette occasion, elle racontait au journaliste une série de bobards dont : « Nous ne sommes pas des people ! (…) On pense bien se marier un jour, mais avec nos proches et sans photographes ! ».

Gala cette semaine :

« Ah ouiiiii, non, mais ‘sans photographes’, on voulait dire sans photographe de la famille, c’est-à-dire que c’est pas l’oncle Bruce qui allait prendre des photos, voilà, mais des professionnels. Pffff, les journalistes vous déformez toujours tout… », nous a (presque) répondu Murielle.

(merci à Carlo de sa vigilance)

L’ultime preuve

Twitter a le talent de ses auteurs. Hier, un événement tragique était annoncé en forme coup de poing par un David Carzon qui n’était pas encore parti à la Route du Rock :

Je débarque ou quoi ?

Le tweet était accompagné d’une capture rapide de l’avis de décès (qui n’aurait pas scoré énorme chez Acquine, mais bon) :

C'est dans le journal

La question posée (« je débarque ou quoi ? ») n’avait qu’une valeur de surprise dans la mesure où on se doute bien que personne ne va s’amuser à balancer un « faux » avis de décès dans un quotidien national (et accessoirement payer 45 euros la ligne HT). Et puis, on imagine assez bien les conséquences tragiques sur les relations du décédé quand on voit qu’un simple tweet concernant Bernard Montiel a pris des proportions gigantesques.

Mais pour d’autres, il y avait légitimité à s’interroger sur la véracité de l’information même si un avis dans Libé, c’est déjà quasi une certitude. Probablement des étudiants en journalisme (recoupe tes sources, coco). D’ailleurs s’il fallait vraiment s’en convaincre, une simple recherche sur le compte Twitter d’un des fondateurs de Vice, Gavin McInnes, ne laissait planer aucun doute sur le sujet (ni sur la cause d’ailleurs) :

C'est officiel

Or, on le sait, rien n’est jamais vrai sur Internet (d’ailleurs, Hamid Karzai s’est converti au christianisme, je n’en reviens pas). Conséquence : quelques tweets s’interrogeaient. « Pas possible, c’est un fake ? », « Quelqu’un a une preuve ? »… Et – malgré la tragédie en elle-même – j’ai pas pu réprimander un fou rire (et c’est mal) en lisant celui-ci :

La surprise

Ah bah alors c’est sûr : puisque son compte Facebook est toujours là, c’est forcément qu’il est en vie. C’est ce qu’on appelle l’ultime preuve. Alors, remballe ton Libé pourri qui diffuse des infos même pas vérifiées ! C’est bien la peine d’inquiéter les gens, j’te jure…

Muriel Cousin : l’éminence grise de Guillon

Il n’y a pas longtemps, j’étais bloqué au Maroc à cause du nuage de fumée de merguez qu’un salopard faisait cuire sur son barbecue en Islande. Je ne vais pas épiloguer encore sur le sujet, mais il se trouve que pendant ces vacances forcées, j’ai eu le loisir de lire un exemplaire de Grazia, un très chouette magazine d’une très bonne société que j’adore et à qui je fais des bisous au cas où elle veuille m’engager.

Quoi qu’il en soit, je tombe sur un article à propos de Muriel Cousin, la femme de Stéphane Guillon (et pas une meuf de La Classe, comme j’en étais persuadé) (ou alors, ce sont les mêmes et y a escroquerie quelque part), et j’apprends une foultitude de choses toutes plus palpitantes les unes que les autres.

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D’abord, elle a « l’impression de vivre avec un Rolling Stones », c’est vrai qu’entre un Mick Jagger ou un Keith Richards, la ressemblance est stupéfiante. Pas le genre à se vanter, elle explique que « le petit pot à tabac pour décrire Martine Aubry, c’est [elle] ». Muriel n’a pas sa langue dans la poche et elle dénonce : « C’est fou d’entendre ce ministre de l’immigration accuser aujourd’hui Guillon de racisme » (oui, ça date de la première semaine d’avril).

Le journaliste revenant sur la polémique « Éric Besson et la comparaison avec une fouine de la part de Stéphane Guillon », voici que Muriel, toujours prête à rester dans l’ombre le corrige : « Avec Stéphane, nous avons simplement joué avec le cliché générique du traître ». Oui, c’est qu’il faudrait pas croire que Guillon a trouvé l’idée tout seul. C’est sa femme qui a tout coordonné en loucedé, pendant que Stéphane recevait les projectiles. C’est elle, la subversive, son mari n’est qu’un pantin entre ses mains habiles.

Toujours à propos du « petit pot à tabac » (dont on va finir par croire que c’est là son unique titre de gloire) elle ajoute que, quand « Guillon qualifie Martine Aubry de ‘petit pot à tabac’, il le met dans la bouche de Bertrand Delanoë ». Exactement la même chose que Didier Porte et son « j’encule Sarkozy » un mois et demi plus tard. À croire que faire parler fictivement les hommes politiques dans des chroniques, ça ne reste pas, alors que les insultes, oui.

Vient le passage-vérité de l’interview : Guillon est un saltimbanque « qui doute » et Muriel « le rassure ». D’ailleurs, le sujet, en général, c’est à deux que ça se trouve : « Stéphane dévore la presse, moi les livres ». Puis ajoute « j’ai une admiration sans bornes pour sa clairvoyance et son courage (…) et quand la séance commence, on entre dans une sorte de bulle où les règles changent : on ne se parle plus de la même manière ».

À ce moment de l’article, on imagine Muriel en transe interprétant la danse des sept voiles tandis que son mari, assis sur la table de campagne de la cuisine en bois véritable, rédige sa chronique.

Le journaliste interroge alors : « Avez-vous envie de sortir de son ombre ? ». Et là, la Muriel, elle n’en peut plus. Je ne suis pas dans l’ombre, c’est moi qui fais TOUT, semble-t-elle vouloir hurler. « Je fais du Stéphane Guillon comme d’autres font de la peinture ». En substance : Stéphane est la Mona Lisa de Cousin de Vinci. « J’ai très vite eu envie de l’emmener là où il n’osait pas aller. Par exemple, dans son dernier spectacle, je lui ai demandé d’écrire un sketch sur son enfance. C’est un de mes préférés ». Et par extension, c’est le meilleur et c’est Muriel qui lui a fait écrire.

Ah, Muriel, heureusement que tu es là. Sans toi, l’humour en France serait si différent et si triste. Encore plus que si Val avait décidé de laisser sa chronique à 7h55.

Un peu plus loin, elle continue de nous émouvoir : « Nous vivons la vie douce et banale d’une famille recomposée de sept enfants ». C’est vraiment très banal. « De son côté, Stéphane jardine, il s’occupe de ses vieilles voitures ». Tiens, il y a un autre humoriste qui s’occupe de ses vieilles voitures : Jay Leno, l’animateur du Tonight Show, le salopard qui a fait virer Conan O’Brien de NBC.

La conclusion : « Nous ne sommes pas des people ! (…) On pense bien se marier un jour, mais avec nos proches et sans photographes ! ». Bah oui, ça, quand on a sa double page dans Grazia, c’est bien connu, on est pas des people.

Grazia, quand est-ce que tu m’interviewes ?