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Mois : mai 2015

Une tranche d’humanité

Si on devait classer l’humanité, juste comme ça juste pour rigoler, on pourrait le faire de tas de façons très rigolotes. On pourrait faire comme le maire de Béziers, suivant la religion, on pourrait faire comme les gouvernements, suivant les frontières, on pourrait faire comme les allergologues, suivant la tolérance au gluten, ou on pourrait faire à ma façon qui consiste à diviser l’humanité en deux grandes catégories : ceux qui survivront à une attaque de morts-vivants et ceux qui deviendront des zombies.

Je dis pas ça parce que la saison de The Walking Dead s’est achevée il y a quelques semaines maintenant. Je dis ça parce que plus je regarde les secondes de ma vie passer à travers les trous de la passoire du quotidien (je crois que j’ai entendu cette métaphore dans un film de Max Pécas, mais j’ai un doute), plus je suis sûr d’un truc : en cas d’attaque de morts-vivants, je vais finir assez rapidement dans la catégorie de ceux qui n’y survivront pas.

Oui, j’arrête un instant cet exposé aride pour vous expliquer qu’on pourrait croire qu’il y a une porosité entre mes deux catégories de l’humanité, ce n’est pas le cas : un survivant qui devient un zombie était de fait dans la catégorie des zombies. Bon, si on veut être pointu, il serait dans une sous-catégorie de ceux qui ont survécu un peu. Mais le résultat ne change pas : au bout du compte, il a succombé sous les dents de morts-vivants féroces et affamés.

(J’attire votre attention sur le fait que le vrai problème des morts-vivants, c’est leur gestion tout à fait problématique des denrées alimentaires : s’ils ne se contentaient pas de la moitié d’un intestin de chaque personne qu’ils tuaient, ils auraient une réserve de nourriture beaucoup plus vaste. Leur méthode qui consiste à tuer le maximum de gens sans prendre le temps de finir toute leur assiette montre une certaine négligence d’un point de vue écologique, et je me demande bien quel genre de Terre les zombies ont l’intention de laisser à nos enfants, je pose la question, le débat est ouvert, Cécile Duflot doit en débattre lors des prochaines questions au gouvernement).

Alors, vous me direz : “Oui, mais si on va par là, qui va dans la catégorie des survivants ?”. Pas grand-monde. Je déconseille aux hommes politiques de chercher à draguer leurs votes, car ça n’assurerait certainement pas une victoire aux prochaines élections. Je dis ça pour toi, François Hollande.

Or, donc et en effet, s’il y a une attaque de morts-vivants, je pense même faire partie des premières victimes. Pourquoi ? C’est une très bonne question. C’est une intuition. Un mec comme moi, gentil, qui invite des SDF à prendre des bains, qui leur offre le gîte et le couvert, qui répand la bonté autour de lui comme McDonald’s l’obésité, qui ouvre chaque jour les portes de son cœur aux autres, qui n’a pas une grande gueule, qui préfère rire de lui que de blesser le voisin, comment pourrait-il s’en sortir ? Et je ne blâme pas là les zombies, car eux, à la rigueur, je les comprends, mais plutôt l’autre frange de la population : les survivants.

Car les vraies raclures, ce sont eux ! Quand on regarde The Walking Dead, on s’en rend bien compte : ce sont tous des psychopathes dotés d’un caractère de cochon, totalement incapables de s’accommoder du “vivre ensemble”. Avez-vous déjà vu une communauté de hippies dans The Walking Dead ? Non. Les survivants se regroupent ensemble, non pas pour s’en sortir, mais uniquement pour s’étriper entre eux.

Et c’est le paradoxe, les zombies, eux, n’ont aucun problème à rester proches les uns des autres. Un instinct grégaire les soude. Donc, honnêtement, si l’humanité se divise vraiment en deux catégories, il vaut bien mieux être dans celle des morts-vivants que des survivants. Question de bon sens. Et si Rick Grimes l’avait compris ainsi que quelques autres, on se faderait pas tous les ans de nouvelles saisons de The Walking Dead de plus en plus poussives.

Jimmy Fallon et son hommage bidon à Letterman

Et voilà, David Letterman a définitivement fermé la porte du Ed Sullivan Theatre après le dernier épisode de son Late Show, hilarant et sans larmes. Montrer ses sentiments, c’est pas le genre de Dave. La seule fois où on a entendu des sanglots dans sa voix, c’était après les attaques du 11 septembre, lorsque l’émission a repris.

C’était l’occasion pour ses trois gros concurrents de rendre hommage à son talent, mais également de rappeler tout ce qu’ils lui doivent. Sans le Late Night with David Letterman, l’émission de NBC de 00h30 à 1h30 qui a débuté en 1982, pas de Jimmy Kimmel ou de Conan O’Brien ou de Jimmy Fallon.

La palme de la sincérité, me disait l’auteur du blog Un truc à la gomme, revient à Jimmy Kimmel qui a montré à quel point sa vie a été sous le signe de Letterman. Il a même annulé son show le soir de la dernière de Letterman pour obligé ses téléspectateurs à aller sur CBS. Conan O’Brien l’a joué plus rigolo, en stoppant son show à 23h30 pour demander aux gens qui le regardaient de basculer sur CBS pour le grand final de Letterman. Et puis, il y a eu l’hommage de Jimmy Fallon, le beauf, l’abruti, le Patrick Sébastien des Amériques. Je le déteste. Je le déteste parce qu’il fédère une génération d’internautes français qui se sont mis à regarder les talk-show du soir avec lui, tout simplement parce qu’il revisitait l’histoire du rap avec Justin Timberlake. Ce mec n’est pas drôle. Il interviewe les invités comme une quiche, il fait des jeux dignes d’Arhtur dans Les Enfants de la télé.

Dans son hommage de cinq minutes (il est évident qu’il n’a pas proposé à ses téléspectateurs de changer de chaîne lui), qui ressemblait plutôt à une oraison funèbre, ce total abruti qui ne sait faire que rire de ses grandes dents trop blanches et trop alignées, il a ainsi réussi à pomper une analogie faite par Conan O’Brien.

Il explique ainsi qu’il y avait Carson, puis Letterman qui a découvert le Far West et qu’il l’a exploré dans tous les recoins.

Conan O’brien, invité pour l’émission Inside The Actors Studio, disait lui : “Carson a exploré l’Europe, Letterman a découvert l’Amérique du Nord”.

Même pour rendre hommage à celui auquel lui et les autres doivent tout, il arrive à ne pas avoir une once de sincérité, tellement ce mec est bidon. Mais continuez de l’adorer, tandis que je garde mes deux barils de Kimmel et d’O’Brien.