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Catégorie : Culture

Du bon usage du marteau

Aujourd’hui, je vais profiter d’une récente expérience de bricolage pour vous parler d’un outil bien pratique au quotidien, je veux bien évidemment parler du marteau.

Comme tous les sujets qui ne sont pas relatifs à Star Trek ou aux Klingons, Wikipédia s’avère bien pauvre en information historique sur le marteau. On nous informe tout juste que depuis que l’homme est homme, le marteau a été utilisé pour percuter des choses aussi variables que de la roche, du métal ou des cranes. Et cette introduction de l’encyclopédie collaborative s’achève deux lignes plus loin avec cette magnifique phrase qui risque de faire se retourner Diderot et D’Alembert dans leur tombe : “Depuis son invention jusqu’à nos jours, son utilité s’est beaucoup développée et elle se développera sûrement avec les années”.

Oui, il est sûr qu’à l’avenir, le marteau sera promis à un développement inouï, probablement concomitant à l’instant où il sera capable d’intelligence et de marcher tout seul, comme l’a démontré Roger Waters dans son opéra rock The Wall.

Marteau The Wall

Je vois déjà Charlton Heston débarquer sur une planète inconnue où des marteaux ont pris le contrôle de l’univers. Mais je m’égare (Saint-Lazare).

Donc.

J’avais une mission particulièrement compliquée pour mes compétences en bricolage : installer une goulotte le long d’un mur pour cacher un câble que je ne saurais voir. J’avais la goulotte, j’avais la colle, j’avais les clous, j’avais le marteau (qui date de 1954, je pense) et j’avais le câble qui pendouillait. Et comme je suis plus malin que tout le monde, ma goulotte était exactement de la taille du câble : un centimètre. Dans la goulotte, il y avait des trous ci et là pour me permettre de planter des clous, à la mode de chez nous. Mais un problème évident survint dans mon esprit : comment la tête du marteau qui présente une surface de deux centimètres par deux centimètres pour taper (qu’on appelle “la table”) allait bien pouvoir entrer dans la goulotte d’un centimètre ?

À Table

Goulotte a

Au bout d’un mois de réflexion, j’ai fini par me dire que c’était tout bonnement impossible et que j’allais simplement coller cette putain de goulotte de merde à la con.

Évidemment, la colle n’a pas tenu, et ma goulotte s’est fait la malle. J’ai donc utilisé toutes les ressources de mon cerveau et, saisissant le marteau, j’ai essayé tant bien que mal de clouer les clous dans la goulotte en tapotant avec les angles de la table.

Hélas, comme attendu, une fois que la tête du clou était entrée dans la goulotte, je n’arrivais pas à finir le travail. À moins de péter la goulotte.

Deux ans plus tard, alors que le fil était toujours bien visible et que j’étais en train de le regarder en me disant “Bordel de bite au cul, c’est pas croyable, comment qui font les autres ?!”, j’ai réalisé que le marteau n’avait pas qu’un côté. Il suffisait de taper avec le côté opposé du marteau (qui s’appelle “la panne”), bien plus fin, pour que le clou finisse sa course et rentre complètement dans le mur.

Panne de cerveau

Goulotte b

Une découverte majeure pour l’homme (tout au moins, moi) qui n’a fait l’objet d’aucun tutorial de Leroy Merlin (incroyable !) et qui confirme ce que disait Wikipedia en préambule : “l’utilité du marteau se développera sûrement avec les années”.

Et si vous avez des travaux de peinture, rénovation, plomberie ou projection de béton armé, n’hésitez pas à faire appel à mes compétences hors du commun.

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César pas classe

Les Mayas s’étaient plantés. La fin du monde, c’était le 22 février, à la 38e cérémonie des César. En tout cas, la fin du monde du cinéma français. Dans un Théâtre du Châtelet artificiellement rempli avec des SDF de la station Hotel de Ville, on a assisté et constaté la disparition inexorable des stars du paysage cinématographique français. Cette cérémonie, c’était la prise de la Bastille des “talents” de Canal+. Des talents poussifs (“Je vais vous refaire le même sketch que l’année dernière”), sans imagination (“Et si je faisais semblant de parler dans un téléphone”), rejouant inexorablement leur rôle (“J’ai des ORIGINES, moi, monsieur”), insistant une énième fois sur leur intégration incroyable (“On vient de Trappes, quand on allait à Châtelet, ce n’était pas pour aller au théâtre”) qui semble plus relever du cas d’école que de la norme, et refusant aux autres leur quart d’heure de gloire (le césarisé pour le son qui a eu le droit à des tours de trottinette pendant son speech sur les coproductions européennes ; la meilleure actrice dans un second rôle, Valérie Benguigui, qui a eu le droit au coup de fil du “président de la cérémonie” [*] ; Omar qui se moque du speech d’Isabelle Carré). C’était tellement peu drôle que sur le site de Canal+, ils ont même identifié cette dernière séquence d’un énorme “HUMOUR AUX CÉSAR” :

Humour

Mais le pire, c’est qu’il n’y avait personne. Pas une vraie star d’envergure à l’horizon. Toutes retenues ailleurs, lassées d’entendre les blagues fallacieuses d’un Antoine de Caunes mal inspiré (dont l’auteur des blagues a même reçu un césar, c’est dire comme cela renforce le sentiment inexorable de copinage qu’une telle cérémonie engendre). Non, on a eu le droit à un festival de célébrités en devenir (Manu Payet, je l’aime bien, mais de là à être présenté comme “celui qui n’a pas pris la grosse tête avec la gloire”, c’est peut-être un poil trop), poussant des coudes et rayant le parquet dans un décor franchement mal fagoté. Regardez les câbles à droite et à gauche des pupitres scotchés à la va-vite que tout le monde devait enjamber (avec plus ou moins de bonheur).

Cable

Parlant de technique, le moment où Vincent Trintignant appelle son père était probablement le climax de la soirée :

Allo Papa ?

Un message enregistré auparavant n’aurait pas pu avoir meilleur effet. Bref, c’était digne des directs de la Star Ac sur NRJ12. Sauf que bon, c’est Canal+, alors c’est Louboutin qui a refilé les godasses :

Je viens de Trappes, mais j'ai des Louboutins, BITCH

Et même pas des neuves, des vieilles tout usées. Quand je vous dis que c’est une sous-cérémonie embarrassante et soporifique… Pas vrai, Kevin ?

Kevin

(*) Quand on pense qu’on s’insurge en France du décompte qu’ont les stars américaines aux Oscars pour ne pas être trop longues, c’est pourtant un peu moins humiliant que ça :

HUMOUR

La Belle et la bête mis à plat

Foutage de gueule. Voilà. Je n’ai rien d’autre à dire. Non mais, sérieux, Walt, tu nous prends pour des caves ? Okokokokok, tu étais mort quand tes héritiers ont décidé de réaliser La Belle et la bête, mais QUAND MÊME, tu n’aurais pas pu vérifier depuis le purgatoire où tu traînes tes guêtres de l’onc’Picsou ? Nom de Dieu, merde, à la fin.

“Il était une fois dans un pays lointain”, nous dit le narrateur (l’intro complète est ici), “un jeune prince qui vivait dans un somptueux château”. Il est beau, il est jeune, mais il est “capricieux et égoïste et insensible”. Déjà, on ne nous parle pas de ses parents. Genre, il est “né” prince mais d’une famille royale, non ? Alors où ils sont le roi et la reine ? D’où ils ont fait un gosse comme ça ? Ce n’est pas parce qu’on est prince qu’on ne doit pas recevoir un semblant d’éducation, non ?

Une mendiante arrive et offre une rose pour passer la nuit dans le château et éviter le sort des SDF parisiens qui sont obligés de s’allonger sur des bouches de métro. Soit. Mais, bon, le prince, ce n’est pas non plus l’armée du salut. Si c’est comme ceux de l’émission de télé-réalité de TF1, il a peut-être déjà du mal à donner le gîte et le couvert à ses sujets. Bref, il refuse, fout la mendiante à la porte qui lui sort une banalité (“la vraie beauté vient du cœur”, comme disait Monsieur Manatane : “Ce sont les moches qui racontent ça”). Pas de bol, c’était une fée et elle lui jette un sort : elle le transforme en “une bête monstrueuse”.

Sympa, elle lui laisse aussi la rose qu’elle voulait lui offrir et qui doit se flétrir le jour de son vingt et unième anniversaire. Pour “briser le charme”, le prince devra “aimer une femme et s’en faire aimer en retour”. Homophobie ? On pourrait le croire, mais le “monstre” qu’il est devenu ferait fureur dans des boîtes bears, donc en fait, ça ne le ferait pas tant chier que ça d’être poilu.

S’il n’y arrive pas, il restera un monstre “pour l’éternité” (doit-on comprendre qu’il est immortel ?).

“Plus les années passaient et plus le prince perdait tout espoir d’échapper à cette malédiction car en réalité qui pourrait un jour aimer une bête ?”, conclut le narrateur, alors que le château a sombré dans les méandres de la mélancolie. Puis, titre et nous voici dans un petit village charmant où vit Belle.

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Je ne vais pas raconter tout le film. Mais sérieusement.

Non. Sérieusement.

Il est dirigé par qui ce village ? C’est comme dans Sacré Graal ? Une collectivité autonome ? Et ce château, là, personne n’a l’air de le connaître. Personne n’a l’air de savoir qu’il y a un prince et donc certainement un roi et une reine ? De qui on se fout ? Moi, je veux bien y croire si le château était à l’abandon depuis trente ans. Mais, même pas ! Si on tente de faire une chronologie des événements : en 1431, le prince naît. Sa mère meurt en couche et son père décède tragiquement pendant une bataille en Toscane. Soit. Il est (mal) élevé. Puis disons à quinze ans, pas bien avant quand même, il y a le tragique épisode de la mendiante-fée (quelle fourbe, celle-là). Nous sommes en 1446. A priori, le royaume de ce prince continue d’exister et même s’il est petit, son royaume, il va quand même un peu au-delà de son jardin, non ? Sinon que quelqu’un m’explique comment il survit, le prince et ses sujets ? Il faut bien des paysans, il y a des serfs, des vilains, il faut bien des nobles, comment vivent-ils ?

Alors, nous voici en 1446, nous avons un village perdu au milieu de rien, à côté un château que personne ne connaît ou presque et le prince n’est toujours pas devenu une bête. La fée passe, fait son cinéma (blablabla beauté de l’intérieur, blablabla) et voilà que d’un coup, le château devient un no man’s land et le prince un monstre.

On sait par le narrateur que de nombreuses années passent. En réalité pas bien plus de cinq ans. Le prince approche de la vingtaine, nous sommes probablement en 1451, mais en réalité, on s’en fout puisqu’il est “bête pour l’éternité” au moment où on parle et tous ses sujets sont devenus des objets domestiques. Dont une maman-théière et son fils-tasse au rebord ébréché. Question bis : il est né comment ce gamin ? Il était né avant de devenir une tasse ? Elle a couché avec qui la théière ? Donc il a grandi ? Au départ, c’était un dé à coudre et puis aujourd’hui c’est une tasse à thé ? À qui veut-on faire gober ça ?

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Mais la suite est encore plus improbable (si c’est possible). Voici que soudain, un soir de pleine lune, le père de Belle se perd et tombe sur ce château. Qui a l’air sacrément loin parce qu’il est parti de chez lui aux aurores. Après la surprise (“Bon sang, un château ? Ici ? Et ça fait soixante ans que j’habite là, je ne l’avais jamais vu dites !”), il se fait emprisonner. Belle va partir à sa recherche grâce au cheval super intelligent de son père qui a retrouvé un super raccourci pour rentrer car il lui faut moins d’une heure pour revenir dans la maison de Belle et encore moins de temps pour emmener Belle au château. Et quand elle arrive dans le cachot de son père, on jurerait que ça fait trois mois qu’il est là.

Un peu plus tard, quand les villageois se décident à mener une action populaire pour brûler le château (dont – sans qu’on comprenne bien pourquoi – tout le monde se rappelle subitement l’existence comme celle de la bête qui l’habite), ils y vont à pied en moins de dix minutes. Genre. Y a de nouvelles routes qui ont été pavées pendant la durée du film ?

Franchement, messieurs de chez Disney, je vous aime bien, mais c’est déjà assez compliqué de faire comprendre à nos gosses qu’une année c’est 365 jours divisés chacun en vingt-quatre heures composées chacune de 60 minutes et qu’il faut une heure pour faire Paris-Fontainebleau et non, y a pas plus court, c’est à cause des embouteillages sur l’A6 et maintenant ferme ta gueule et regarde ta Nintendo, sans que vous ne veniez nous compliquer la tâche.

À moins que votre dessin animé ne soit une approche de la relativité restreinte d’Einstein afin de faire comprendre les problèmes de dilatation du temps et les contractions des longueurs dans le cadre d’un village en gestion collective autonome, mais dans ce cas, vous auriez pu le dire clairement.