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Moonlight : de l’émotion et encore de l’émotion (et parfois trop)

Je sais que vous pensez que je sélectionne scrupuleusement les pires films de la planète pour les chroniquer (avec talent), ici ou là, au gré de là où le vent me mène. Mais parfois, je vais voir de bons films. Et donc hier, je suis allé voir La La Land. Non, je déconne. Je disais être allé voir un bon film, et c’est donc de Moonlight que je vais parler (assez moche, cette construction grammaticale).

Chiron, jeune noir Américain d’une dizaine d’années, vit l’enfer : à l’école, les autres élèves le traitent de tapette et l’agressent, sa mère célibataire se drogue et se prostitue. Mais heureusement, il y a toujours un petit rayon de soleil dans le pire des enfers : un caïd de la rue (et fournisseur de came du coin) le prend sous son aile pour lui apprendre les bonnes manières. Et aussi qu’être homosexuel, ce n’est pas grave. Ce qui est grave, c’est qu’on t’insulte.

Le film suit donc Chiron sur trois périodes : l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte. La première (dont j’ai raconté les grandes lignes au-dessus) développe l’histoire. La seconde mène au climax. Brillantes grâce aux deux jeunes acteurs qui interprètent Chiron à 9 et 14 ans, elles souffrent juste d’un problème : elles sont très prévisibles, comme si le réalisateur et le scénariste avaient lu « Le film indépendant » dans la collection « Pour les nuls » et s’évertuaient à cocher toutes les cases : milieu sordide, mère droguée, père absent, plans avec effet de lumière sur l’eau, élèves méchants, enfant taiseux, caméra à l’épaule qui bouge, découverte de son homosexualité, drame qui change à jamais sa vie, couleurs saturées… Il faut de l’émotion, de l’émotion, de l’émotion.

Arrive la troisième période où la crevette des deux premiers épisodes sort de sa chrysalide (c’est débile, les crevettes ne connaissent pas de chrysalide, je vous emmerde). Chiron est devenu une grosse racaille bodybuildée avec protège-dents en or. Passé l’effet de surprise, cette dernière partie est de loin la plus réussie. Je ne veux pas spoiler, mais c’est superbe, touchant et émouvant avec des acteurs incroyables qui jouent tout en retenue et pudeur. Bref, j’ai été conquis.

Mais j’ai même pas pleuré, parce que bon, ça va, je suis pas un pédé.

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3 commentaires

  1. monsieur prudhomme monsieur prudhomme

    Je confirme que La La Land peut sans rougir concourir pour le titre de pire film de la planète.

    • J’en conclus que ça ne vaut pas le coup que j’aille le voir (ce qui me rassure).

    • Il peut en effet concourir sans rougir parce qu’il n’y a aucune chance qu’il gagne ce prix.

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