Je ne connais pas Guy Birenbaum, je le suis sur Twitter, je le lis sur le Huffington Post, je le vois à la télé, je l’écoute (pas souvent) sur Europe 1, mais je ne l’ai jamais rencontré ni vu ni parlé et je ne doute pas que “dans la vraie vie, il est très gentil”. En revanche, dans la vie irréelle des internets, je le connais plutôt bien même si je n’ai aucune idée de son métier. Je l’imagine éditeur / journaliste / polémiqueur. Mais je crois surtout que son métier, c’est spécialiste. “Spécialiste de quoi ?”, pourrait-on me demander. “Spécialiste sur le tas”, comme le répondait Robert Bidochon à un présentateur télé l’interrogeant sur sa venue dans une émission de témoignage dans l’excellent album de bédé “Les Bidochons Téléspectateurs”. Internet, politique, immigration, santé, médecine, société, il n’y a pas un sujet sur lequel Guy n’a pas un avis. Et surtout un avis tranché et définitif. Un avis qu’il partage notamment dans une série qui s’appelle “Birenbaum bashe (remplacer ici par n’importe quel sujet d’actualité)”.
Son omniscience semble ne pas avoir de limite (oui, c’est redondant, je vous emmerde) : Marseille, Lampedusa, les vapoteurs, Montebourg, Facebook et j’en passe. MAIS surtout, il est systématiquement et TOUJOURS du côté de la veuve et de l’orphelin quel que soit le sujet (les homos, les électeurs, les malades, le contribuable, les enfants…), et avec un bon sens qu’il érige souvent comme une prise de position radicale. “Le Front National, c’est mal ! Et non, je n’ai pas peur ! J’ose le dire, et je l’ai déjà dit il y a un an et et il y a deux ans, m’en fous ! Rien à battre”. “Ceusses qui likent le bijoutier de Nice, c’est mal ! Eh ouais ! Et je vous unfollowe, et j’ai pas peur ! Et tant pis si je me fais des ennemis”. “Voler l’argent public, c’est dégueulasse ! J’dénonce, rin à péter !”.
Je lui en veux pas, hein, chacun fait ce qu’il peut pour casser sa croûte, mais toute cette “saine indignation”, comme disait ma grand-mère, ne pourrait-elle pas servir à élever l’âme de nos contemporains plutôt qu’à les diviser ? Quand on lit les commentaires, c’est systématique : il y a ceux qui étaient déjà d’accord avec l’auteur qui affichent leur contentements (façon “j’espère que ce très beau texte ouvrira les yeux aux racistes du monde entier”) et ceux qui étaient déjà contre et qui sont encore plus en colère qu’auparavant (façon “Et si c’était votre fils qui avait été le bijoutier de Nice ?”).
J’ai cité Guy, mais il n’est pas le seul. Il y en a un autre, peut-être pire, c’est Christophe Conte. Critique de disque devenu “chroniqueur bad boy” sur le blog des Inrocks, il rédige des “billets durs” où il ne se prive pas d’attaquer les personnes avec qui il est en désaccord. Il s’en prend même à François Hollande. Ça, c’est pour dire qu’il égratigne les puissants. Bon, c’est pour lui dire qu’on attend encore les résultats de l’élection de 2012. Mais quand même. Dans les faits, c’est pareil : de la diatribe agressive dont le but est de générer désespérément du trafic et qui, à la longue, fatigue. Ça fatigue parce que bon, comme l’a dit Maickel Melamed : “Etre en vie est la plus belle chose qui puisse vous arriver. Tirez-en parti, et partagez ça autour de vous”. Alors plutôt que de nous rappeler le merdier dans lequel on vit, Guy, Christophe, vous ne voulez pas nous élever ?
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